À l'écoute du monde et des faits

 U ne récente reconsidération du rôle des médias me fait penser que parmi les 14 premières «brèves» de la liste ci-dessous, certaine ont une pertinence très limitée. Ma foi, faut-il les retirer au motif qu'on n'a plus la même manière de voir les choses, ou conserver la mémoire de ce qu'on pouvait penser et dire à tels moments de sa vie ? J'opte pour la deuxième solution.

  1  - Terroriser les terroristes.
2  - Salauds d'ouvriers !
3  - La paix règne en Palestine.
4  - Occupez vous des accidents de la route…
5  - Et l'autre avion, au fait ?
6  - Montrer le petit pour masquer le gros
7  - La paix règne en Côte d'Ivoire
8  - Nous avons les preuves !
9  - «We got it !»
10 - Après la victoire
11 - La paix règne au Soudan
12 - Pour mémoire, avant élections
13 - La paix règne…
14 - Retour sur l'Irak
15 - Irak: un jour presque ordinaire
16 - Devancé par l'actualité…
17 - L'information va de plus en plus vite !
18 - À courir après l'information
on finit par la dépasser…

19 - On ne peut pas tout vouloir
 
  1. Terroriser les terroristes.
    18/12/2002

    L'information du jour, ou plutôt de la veille: quatre (chaque jour moins) présumés (chaque jour plus certifiés selon les médias) «terroristes» arrêtés en Seine-Saint-Denis. Ce que j'ai entendu: ils auraient été en Tchetchénie, ils auraient – du moins l'un d'eux aurait – été en contact avec [? – je n'ai pas retenu le nom, mais est-ce si important ?], soupçonné d'avoir préparé un «attentat chimique» en Grande-Bretagne; ils sont barbus (comme dit un voisin, la moitié des hommes du quartier sont barbus…); enfin, je ne me rappelle plus les termes, mais Nicolas Sarkozy est intervenu pour «se féliciter» d'un travail fait par d'autres, mais surtout expliquer que «cette fois c'est du sérieux». Bien obligé de l'expliquer: toutes les opérations «antiterroristes» engagées depuis mai 2002 ont abouti à des non-lieu !…
    Bref, on est tombé sur un gros truc ! J'attends de voir.


  2. Salauds d'ouvriers !
    20/12/2002

    On va tout savoir sur le pourquoi du comment de l'explosion d'AZF-Toulouse en septembre 2001: des ouvriers malhonnêtes se livraient éhontément à un trafic de chlore pour arrondir illégalement leurs fins de mois; un ouvrier qu'on suppose honnête aurait par erreur versé 500kg de chlore délictueux sur le chéplutrokwa stocké dans le hangar maudit, et c'est la réaction entre le chéplutrokwa légal et le chlore illégal qui aurait causé l'explosion. Me voilà rassuré: on accusait la direction de négligence, mais tout revient dans l'ordre: les coupables, ce sont les lampistes…
    En attendant de savoir, ultérieurement, ce qu'il en est de «la piste la plus sérieuse suivie actuellement par le SRPJ de Bordeaux» (dixit les médias), de mon point de vue il n'y a rien de changé, même si cette fumeuse «piste la plus sérieuse» se révèle exacte: c'est bien la négligence de la direction qui permet à des ouvriers de distraire – excusez du peu ! – 500kg de chlore: normalement, le suivi d'un tel produit ne devrait souffrir nulle négligence et la disparition d'un seul kilo ne devrait pas être possible.

    Complément au 28/01/2003:
    Depuis, et après Les Échos, deux autres périodiques (L'Express et Le Point) «ont fait des révélations», me dit ma radio, «révélations» différentes de celles énoncées plus haut. Remarquez la précision de vocabulaire des journalistes: une enquête contradictoire dans une revue, cela s'appelle ici des «révélations»…

    Complément au 01/06/2003:
    La vieille «thèse» (moi, j'appellerais plutôt ça, rumeur) de «l'attentat» a refait surface. Pour disparaître assez vite, mais ça a fait vendre du papier, c'est déjà ça. Et après deux ou trois «hypothèses» de la même eau trouble, on en revient à la thèse (avérée celle-là) du début: responsabilité de la direction qui a décidé au fil des ans de rogner sur le budget sécurité au point de rendre impossible une gestion correcte des risques industriels dans cette usine. Mais que voulez-vous ? Les médias n'aiment pas ce genre d'explication, trop trivial, trop anti-libéral… Et quoi ! Vive les «risquophiles» ! Surtout ceux qui prennent des risques pour les autres…


  3. La paix règne en Palestine.
    20/12/2002

    Cette information est une non information: il ne se passe plus rien du côté d'Israël et des territoires occupés. Et comme l'on dit, “pas de nouvelles, bonnes nouvelles”, d'où j'en conclus que la paix règne en Palestine.
    Quoi ! C'est vrai: jusqu'en septembre, il ne se passait pas trois jours sans qu'on nous parle du conflit israélo-palestinien; depuis, il se passe parfois plus d'une semaine sans que l'on n'apprenne rien de ce qui arrive là-bas. C'est que depuis, l'attendue guerre américaine au Proche-Orient et l'attendu élargissement de l'Union européenne mobilisent nos médias.

    Comme quoi, l'information est largement indépendante des événements dans le monde, et très dépendante des obsessions du moment qu'ont nos médiateurs…

    Complément au 06/01/2003:
    Nouvelles du front: quinze morts et quarante blessés chez les bleus. Les verts ont du travail s'ils veulent combler leur retard. D'autant que les bleus sont en train de refaire leur avance, en… occupant les territoires qu'ils occupaient déjà. Avec quelques «dégâts collatéraux» au passage.

    Complément au 28/01/2003:
    Israël quinze morts, Palestine environ 30, les bleus on repris le terrain qu'ils n'avaient pas perdu. Sinon, du nouveau un peu réchauffé, «le principal événement dans la région» depuis quelques semaines sont, outre la future et plus ou moins probable guerre en Irak, les élections en Israël. Sauf que quand on interroge les Israéliens eux-mêmes, ils ne trouvent pas ça tellement important…

    Complément au 07/11/2004:
    Un bout de temps que j'avais laissé cette «actualité» de côté. Parmi les dépêches que Le Monde publie sur son site Internet, trois sujets dominent: l'Irak, les États-Unis et «le conflit au Proche Orient» (ou Moyen Orient, c'est selon). J'aime l'expression, elle donne à croire qu'il y a une sorte de guerre entre deux entités plus ou moins égales, c'est un peu – et même beaucoup – comme si on avait parlé de la situation dans l'Afrique du Sud de l'apartheid en disant «le conflit en Afrique australe»… Une autre expression courante pour cette situation, «le processus de paix». Elle vient pour dire, bien sûr, que telle ou telle action «met en péril le processus de paix», ou équivalent.


  4. Occupez vous des accidents de la route…
    06/01/2003

    …Nous nous occuperons du reste. Entendu sur France Culture, vers 19h15, de la bouche d'un gars assez satisfait du travail accompli par l'actuel gouvernement, en réponse à la critique d'un autre gars, genre «libéral sauvage», qui trouvait que ledit gouvernement n'avait rien fait pendant sept mois. Le premier disait que non, pas du tout ! Ils ont beaucoup fait ! Ils ont «détricoté» (c'est son terme), ils ont «détricoté» les 35h, ils ont «détricoté» “l'amendement Michelin”, etc.
    Voici ce qui m'a vraiment intéressé dans son intervention: tout benoîtement, genre, «avec leurs délires les médias n'ont pas trouvé le temps de parler du travail fait», il a dit, pendant qu'on parlait d'accidents de la route le gouvernement «a beaucoup fait»…


  5. Et l'autre avion, au fait ?
    14/01/2003

    Encore une non information. Un certain 11 septembre, trois équipes de tueurs fous, des assassins au sens étymologique, c'est-à-dire les membres d'une secte nihiliste agissant sous prétexte d'obéissance à la religion et dont les adeptes sacrifient leur vie dans des actions meurtrières, s'emparèrent de quatre avions, en vue de certains objectifs; l'un fut de se jeter sur les deux tours du World Trade Center, le deuxième, de se précipiter sur le Pentagone, mais le troisième ? Et bien, la troisième cible semble une forêt perdue de Pennsylvanie, près de Pittsburgh. Un peu étonnant, mais quoi ! Qui sait ce qui se passe dans la tête d'un assassin ?
    Voici ce qui passa dans la mienne un certain 12 septembre 2001, quand on connut un peu mieux la manière dont cet avion s'écrasa: descendu par l'aviation militaire des États-Unis. Le silence assourdissant autour de cet avion me confirme ma première impression. Certes on nous raconta une histoire à dormir debout, des passagers, informés des autres attentats, auraient tenté de maîtriser les assassins, suite à quoi leur avion aurait sombré. Pourquoi pas… Dans combien de semaines, mois, années ou décennies pourrais-je compléter cette brève et dire avec certitude: cet avion s'est écrasé parce que (…) ?


  6. Montrer le petit pour masquer le gros
    22/01/2003

    Pout la troisième année consécutive deux «sommets» se tiennent en même temps: ceux de Davos et Porto Alegre. Considérant que le terme «sommet» s'applique aux réunions de responsables politiques prenant – ou pouvant prendre – des décisions ayant des conséquences sur les politiques de leurs pays respectifs («sommet» de Rio, «sommet» de Johannesburg, «sommets» du «G7», etc.), la désignation de «sommet» pour les réunions de Porto Alegre ou celles des «altermondialistes» à Gènes ou Florence est quelque peu abusive. Mais c'est un abus sciemment développé par les médias pour donner à croire que la (sic) «société civile» peut avoir une action équivalente à celle de la, que dire ? Société incivile ? Or, c'est assez faux. Je ne dis pas que le travail des personnes réunies à Porto Alegre sera de nul effet sur des actions dans leurs pays, mais ça a peu de chances d'infléchir ou de guider l'action publique. En revanche, le «sommet» de Davos aura bien, lui, des conséquences sur cette action. Pourtant, cette année comme la précédente ou celle d'avant, on focalisera sur le «sommet» de Porto Alegre.
    Dites-moi, vous rappelez-vous de ce qu'ont décidé les membres du «G7» à Gènes ? Ou encore ceux de l'OMC à Seattle ? Ou bien les «responsables» politiques et financiers du «sommet» de Davos 2002 ? Non, hein, pas vraiment ? Et bien, je vois qu'une chose se dessine pour cette année: on va encore couvrir d'abondance un «sommet» sans effets sur notre vie de tous les jours, et traiter par-dessus la jambe celui vraiment intéressant sur ce plan. Il faut dire que Davos, c'est moins spectaculaire et coloré que Porto Alegre… Et puis, pas la peine d'assommer nos lecteurs / auditeurs / spectateurs avec des questions absconses et «qui ne les intéressent pas». Et pourtant, Cotton[1] sait que ça les intéresse pour leur avenir, ô combien !
    [1] C'est pour éviter d'invoquer le nom de Dieu en vain…


  7. La paix règne en Côte d'Ivoire
    25/01/2003

    Bon. Un «accord» est signé entre les «belligérants». Moi, j'ai un malaise: accord entre qui et pour quelle guerre ? Il faut comprendre ceci: ceux qu'on nous présente depuis quelques semaines – et même quelques mois, désormais – comme «les rebelles» sont effectivement des rebelles: quoi qu'on en puisse penser il y a un président censé être «démocratiquement élu», ergo, ses partisans se tamponnent le coquillard d'un accord censé «restaurer la démocratie en Côte d'Ivoire», puisque pour eux, la démocratie est là, le président issu des urnes, comme l'Assemblée nationale, bref, il n'y a rien à «restaurer». Autre problème «les belligérants» doivent «déposer les armes», mais s'il y a bien des «milices pro-Gbagbo», le gros des porteurs d'armes de son camp forme l'armée régulière de Côte d'Ivoire. Leur demandera-t-on de «déposer les armes» ? Non, bien sûr. Donc, «les rebelles», pas si fous, n'iront, c'est sûr, ni à Abidjan ni à Yamoussoukro, où au mieux ont les mettrait en prison, plus sûrement on les massacrerait.
    Résultat de tout ça: il m'étonnerait que la paix rêgne de si tôt là-bas…

    Complément au 27/01/2003:
    Ça commence: de retour au pays, Laurent Gbagbo s'est voulu (hem !) «rassurant», face à ses partisans, en déclarant: «Ne vous inquiétez pas, “l'accord” signé à Marcoussis ne contenait que des propositions». On voit la paix avancer à grands pas…

    Complément au 05/03/2003:
    Et bien voilà: le «gouvernement d'union nationale» n'est toujours pas formé, et il semble bien qu'on doive attendre encore quelques temps pour le voir venir; les réputés rebelles restent prudemment dans les secteurs qu'ils tiennent, et préfèrent apparemment ne pas vouloir exécuter deux points de «l'accord de Paris», rendre leurs armes et se rendre à Abbidjan (vue l'ambiance du côté des supporters de Gbagbo, on les comprend); il semble bien que les chefs d'États et de gouvernements des pays voisins, venus en janvier soutenir les efforts de paix à Paris, se sont dépêchés une fois rentrés chez eux de soutenir les efforts de guerre en Côte d'Ivoire. Bref, un mois et demi après lesdits accords de paix, la guerre continue, et même, dira-t-on, de plus belle…

    Complément au 01/06/2003:
    Il y a de l'amélioration: le «gouvernement d'union nationale» existe plus ou moins, bien que certaines parties aient renoncé à y participer. Il existe, avec ce problème: il ne se réunit pas, pour la raison évidente déjà énoncée: une bonne partie des «rebelles» qui y furent désignés n'y siègent pas – ils n'ont pas vraiment envie de se mettre entre les mains de leurs adversaires, on peut le comprendre. Ma foi, rendez-vous dans six mois…

    Complément au 20/09/2003:
    Titre du monde daté du 20/09/2003: «Un an après le putsch, la pacification de la Côte d'Ivoire n'a pas abouti». Ce qui nous livre d'un seul élan une information et une désinformation: à l'époque, il ne s'agissait pas d'un «pustch» – c'est-à-dire, d'un coup d'État militaire – mais d'une rébellion, ceci pour la désinformation; quant à l'info, et bien, commme on pouvait s'y attendre en début d'année (voir la première note, en date du 25/01/2003, où la majorité des causes contredisant l'espoir d'un réglement rapide de la situation est exposée – mais non les motivations, un inextricable imbroglio de raisons économiques, politiques, sociales, «ethniques», etc., tant locales que «régionales» et internationales) «la paix en Côte d'Ivoire» n'est pas à proche horizon.
    Incidemment, comme à son habitude Le Monde fait un titre que contredit largement l'article qui suit, puisque dans celui-ci on ne mentionne plus «le putsch», mais bien «la rebellion» et «les insurgés».

    Complément au 15/04/2004:
    Il y a des fois où on aimerait s'être trompé. Non seulement le «gouvernement d'union nationale» ne se réunit pas, mais il n'existe même plus. Et la situation se dégrade. M'est avis que ça donne tous les signes de devoir s'aggraver dans pas tard. Hélas.

    Complément au 07/11/2004:
    Je le disais il y a donc presque sept mois, j'aurais préféré me tromper. Et je disais il y a presque deux ans que l'avenir de “l'accord de Marcoussis” était prévisible, puisque les conditions de sa réalisation n'existaient pas. Depuis, la politique raciste de Gbagbo n'a fait qu'empirer, les rebelles ont renforcé leurs positions dans les parties du pays (nord et ouest) où les autorités légales n'ont justement plus autorité, et ces derniers jours, on en arrive à une situation pire que dans les mois qui précédèrent “l'accord”.
    Là-dessus, les «forces d'interposition» françaises sur place, dont le rôle fut en réalité la protection de la forte communauté française en Côte d'Ivoire, se décide à s'interposer ou plutôt, s'imposer. Pourquoi ? Parce que pour une fois les victimes des combats ne sont plus des civils locaux mais des militaires de chez nous. Et d'un coup, la situation devient, dans la bouche de nos responsables politiques, «insoutenable». Manière de dire: on va cesser de soutenir Laurent Gbagbo. et quand par malheur un responsable socialiste a le malheur de dire à propos de l'accord de Marcoussis ce que j'en disais en janvier 2003, c'est-à-dire que le président ivoirien légalement élu n'a aucune raison légitime de le respecter, aucune raison d'accorder aux «rebelles» ivoiriens ce qu'on se refuserait à concéder aux «terroristes» irakiens, l'intégration dans une struture de gouvernement, que ne dit-il pas ! C'est haro sur le baudet, de tous côtés. Pourtant, imaginez que, arguant de velléités sécessionnistes en Corse on réunisse, sous l'égide des États-Unis par exemple, le gouvernement légitime et les «rebelles», et qu'à l'issue de la réunion un «accord» promulgue que les indépendantistes doivent entrer au gouvernement, et que dans les six mois «les deux parties doivent remettre leurs armes», selon vous, Chirac accepterait-il ? Et, refusant, aurait-il tort ?

    Complément au 31/10/2007:
    Dans mon actualité récente (moins


  8. Nous avons les preuves !
    26/01/2003

    Pourquoi est-ce que nous devions intervenir au Kosovo ? Ces messieurs de la Maison Blanche et du Pentagone[1] détenaient les preuves irréfutables qu'on comptait des milliers voire des dizaines de milliers et, un peu avant l'intervention, plus de deux cent mille personnes «innocentes»[2] massacrées au Kosovo, et détenaient les preuves irréfutables que Slobodan Milosevic était personnellement impliqué dans ce drame. Après cette intervention, il s'avéra qu'on comptait les morts par dizaines ou centaines; puis, nous sommes en 2003 et le tribunal spécial de la Haye peine à obtenir de l'administration des États-Unis les «preuves» si décisives de l'implication personnelle de Milosevic, et semble devoir les attendre jusqu'à la fin des temps…
    Pourquoi est-ce que nous devions intervenir en Afghanistan ? Ces messieurs de la Maison Blanche et du Pentagone détenaient les preuves irréfutables du fait que le Mollah Omar, les responsables talibans et Oussama ben Laden étaient personnellement impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001, les avaient commandités, et d'ailleurs, MM. Bush et Blair, se présentant devant leurs parlements respectifs, y vinrent chacun avec un dossier et, tapant dessus, s'écrièrent «Voici les preuves ! Voici les preuves !». Lesquelles nous seraient communiquées en temps et heure. À la date dite, ce n'est apparemment toujours ni le temps, ni l'heure.
    Depuis mai ou juin 2001, ces messieurs de la Maison Blanche et du Pentagone affirment qu'ils ont les preuves irréfutables que l'Irak dispose d'armes de destruction massive, le répétant trois ou quatre fois par semaines et, depuis novembre, quasi quotidiennement. Avec cette différence que, contrairement aux deux fois précédentes, cette déclaration de détention de preuves s'accompagne de l'énoncé, «nous allons bientôt les produire». Bientôt huit mois que nous devrions bientôt les voir. Alors: ils ont «les preuves irréfutables» ou ils sont en train de les fabriquer ?

    Complément au 28/01/2003:
    Les choses vont plus vite, semble-t-il: aujourd'hui même, l'administration américaine a promis que dans une semaine, donc alentour du 5 février, elle produira les preuves qu'elle détient et qui montrent que les Irakiens possèdent de ces fameuses «armes de destruction massive». Attendons cette date, attendons leur publication dans tous les bons périodiques. Attendons…

    Complément au 29/01/2003:
    Des faits ! Nous saurons tout le 5 février 2003 ! George W. Bush, président des États-Unis d'Amérique l'a certifié dans son «Discours à la Nation». Et bien voilà qui est clair. Précision, cependant, ce ne sont pas les «preuves» dont on parla durant des mois, celles sur les «armes de destruction massive» , mais celles sur la compromission du régime irakien avec «le terrorisme international» (mais pas al Qaida). Bon.

    Complément au 05/03/2003:
    Vous avez lu, vu, entendu la prestation de Colin Powell à l'ONU ? Que dire ? Il fallait être convaincu par avance pour le trouver convaincant. Il y a un problème insoluble pour nos amis du gouvernement des États-Unis et pour les dirigeants du Pentagone: personne de raisonnable ne peut croire à cette histoire d'«armes de destructions massives» pour la raison que depuis plus de dix ans les États-Unis et la Grande-Bretagne mènent, dans les périodes calmes bi-hebdomadairement, en périodes «normales» quasi-quotidiennement, en périodes de pointes plusieurs fois par jour, des raids contre des positions militaires, ou des positions civiles dites «stratégiques», en Irak. Donc, difficile pour MM. Bush, Rumford et consorts, de «prouver» cette détention d'armes. D'ailleurs, dès le lendemain de la «démonstration» de M. Powell, on apprenait que les documents utilisés dataient pour les plus récents de… 1995.
    Bon, ceci est une brève, donc j'abrège: plus les jours passent, moins l'administration des États-Unis semble en état d'apporter des preuves irréfutables, ce qui se traduit d'ailleurs par un changement de stratégie: le point précédemment secondaire, qui n'apparaissait que comme une conséquence logique de la guerre, devient la cause: éliminer Saddam Hussein. Ce qui a pour effet curieux de voir soudain Tony Blair bien plus en retrait: eh ! Si on se mettait soudain à faire la guerre à un pays sous le prétexte que son dirigeant ne nous convient pas, ça deviendrait très problématique.

    Complément au 15/03/2003:
    Voilà, les choses sont claires: l'administration des États-Unis n'a pas de preuve irréfutable à fournir, et s'en contrefiche; remarquez, dès le début MM. Bush et Rumsfeld furent clairs sur la question, et pour eux la guerre était nécessaire, donc inévitable, et à l'époque la question des preuves irréfutables ne se posait pas. Elle n'est venue qu'après le vote de la première résolution de l'ONU sur la question, quand l'administration Bush s'est aperçue que contrairement à ce qu'elle croyait, le passage devant le Conseil de sécurité de l'ONU ne serait pas qu'une simple formalité. Résultat, un changement de tactique, voire de stratégie, drastique: le mouvement qui existait déjà devient caricatural, et le problème ne semble plus rien d'autre que «la position de la France à l'ONU». C'est même grotesque: on en arriverait à croire que si les États-Unis sont conduits à mener un guerre en Irak, c'est à cause de ça. Je ne comprends plus rien…

    Complément au 12/04/2003:
    Le discours sur les «armes de (etc.)» refait surface. Il était temps, après presque trois semaines de guerre. L'administration Bush nous annonce qu'elle «essaie de découvrir les armes de (etc.)»; si l'on se rappelle les épisodes précédents, Colin Powell se fendit d'une belle démonstration (sic) à l'ONU, afin de prouver que son administration savait où se trouvaient ces armes, d'où cette interrogation: comment se fait-il que l'armée doive chercher ce qu'elle est censée avoir déjà situé ? J'attends avec impatience les preuves irréfutables, et surtout, j'attends de savoir si les médias assisteront à la «découverte» ou seront conviés à la constater a posteriori… Ne me jugez pas trop mauvais esprit, mais les premiers détenteurs d'«armes de destruction massive» sont les États-Unis[3], de là à en supposer qu'ils sont en état de fabriquer les preuves irréfutables il n'y a aucun pas: ils sont en état de le faire. Savoir si en effet il le feront est autre chose mais ce n'est donc pas impossible: on peut constater que Colin Powell a produit des preuves irréfutables immatérielles fabriquées, pourquoi Donald Rumsfeld s'interdirait-il de produire des preuves irréfutables matérielles bidons ?
    PS: Je ne voudrais pas qu'Alain Finkielkraut me croie (ou me dise) antiaméricain, cette histoire de preuves irréfutables bidons est le fait habituel des États en guerre: qu'ils aient de bonnes ou de mauvaises raisons de le faire (en tant que fauteurs) il leur faut justifier la chose auprès de leur opinion par des «bonnes raisons»; en général, ils les invoquent sans preuves, et souvent ces preuves n'existent pas: l'histoire fourmille de faux documents et de preuves fabriquées a posteriori, voire a priori, pour démontrer la justesse de l'action menée (ne pas oublier que la première guerre mondiale a démarré avec une fausse dépêche diplomatique, la deuxième avec un faux appel au secours des polonais de langue allemande). Ces simagrées font suite à une longue liste à laquelle tous les pays ont un jour ou l'autre collaboré.

    Complément au 01/06/2003:
    Cette bien longue «brève», il faut la conclure: désormais les choses sont claires, on sait que tous les services de renseignement militaires et civils étasuniens et britanniques ont informé avec la plus grande netteté leurs gouvernements qu'il n'y avait pas d'armes dites de destruction massive en Irak, et que ce que j'écrivais ironiquement au debut («Alors: ils ont “les preuves irréfutables” ou ils sont en train de les fabriquer ?») se révèle l'exacte vérité: les responsables politiques de «la coalition» les ont fabriquées. Jusqu'à il y a peu – huit à dix jours –, le discours sur «la recherche des armes de (etc.)» continuait, mais désormais, seul Tony Blair continue à faire semblant d'y croire, et les hauts responsables de l'administration Bush avouent benoîtement (certes en l'enveloppant, «nous étions persuadés, convaincus que…») que leur principal argument pour faire cette guerre ne reposait sur aucune preuve, même réfutable.
    Mais on n'est pas au bout des surprises: l'autre motif (rappelez-vous) était le discours sur l'établissement de la démocratie. Tout l'indique, un gouvernement irakien réellement démocratique, sans être «anti-américain», du moins serait plus que modédérément pro-américain. Retrouvons-nous dans cinq ans pour discuter de la démocratie dans un Irak «libéré de la tyrannie»…

    Ultime complément au 20/09/2003:
    Dans la foulée de ma mise à jour de la longue «brève» n° 7, un petit point sur «les preuves irréfutables». Si vous avez suivi le petit feuilleton de l'été, vous savez au moins trois choses: toutes les preuves irréfutables agitées par les gouvernements de «la Coalition» étaient au moins douteuses, sinon fausses, et souvent fabriquées; les membres de l'administration étarsunnienne sont plus honnêtes que ceux du gouvernement britannique, car Rumsfeld, Powell, Bush & consorts ne font pas mystère de ce que ces preuves irréfutables étaient des outils de propagande visant à obtenir l'agrément des parlementaires pour mener leur guerre, tandis que Blair, Alastair & consorts restent sur leurs positions malgré l'évidence des faits; enfin, selon ce qu'il apparaît, les responsables de l'administratin fédérale des États-Unis ont une approche assez spéciale de la démocratie…
    [1] Remarquez bien que la désignation des «messieurs de la Maison Blanche et du Pentagone» ne signifie pas pour moi que les États-Unis sont seuls responsables de ces allégations fausses ou non démontrées, mais il faut constater que c'est d'abord leur voix, et celle de celui que la presse britannique appelle élégamment «le roquet de Bush», qui s'expriment en ces questions.
    [2] À considérer qu'un mort «coupable» ce soit moins grave qu'un mort «innocent»…
    [3] L'information vaut ce qu'elle vaut, je ne l'ai pas vérifiée mais ne l'ai pas non plus pêchée sur un site douteux du genre “Réseau Voltaire”, elle se trouvait sur le site lemonde.fr qui réfèrait à un article au titre évocateur, "20 000 tonnes de sarin, VX, gaz moutarde, etc., conservés à Anniston, Alabama" (St Petersburg Times), dont voici la référence: www.sptimes.com/2003/03/16/Worldandnation/Not_Iraq__but_Annisto.shtml. Lien non certifié, je ne l'ai pas testé. En tout cas, voici la référence de la page où je l'ai trouvée (pour autant qu'elle soit encore valide et disponible, et que le contenu de la page n'ait pas changé). Si la référence n'est plus disponible, vous pouvez écrire à Vincent Truffy, qui se fera un plaisir de vous confirmer qu'il a bien référencé le lien cité.


  9. «We got it !»
    15/12/2003

    Et allez donc ! C'est reparti pour une grande séance de cirque médiatique ! «We got it !» On l'a eu ! Qui ? Mais voyons, “Satan” Hussein ! Et puis ? J'entends, je lis les délires et dythirambes, grandes déclarations et propos définitifs sur le ton général «Une page est tournée avec la capture du dictateur» (ou du “raïs”, ou “de l'ancien président”, ça dépend de l'option politique du déclarant). Très intéressant. Moi, j'ai l'impression que la page a été tournée il y a environ huit mois; capture de Hussein ou non, ça ne change pas grand chose. Ainsi que le disait un spécialiste du pays – et pour le coup, un vrai spécialiste, qui connaît bien le terrain pour s'y être rendu souvent et longtemps –, Pierre-Jean Luizard, dans le journal de France Culture de 7h, les conditions même de sa capture, et ses conditions de vie, délégitiment complètement la fiction construite par l'administration des États-Unis d'un Saddam Hussein manipulant les terroristes (ou la résistance, ou les combattants, encore une question d'options politiques): planqué dans son trou à rats (que les uns situent à deux mètres, les autres à dix pieds (3m), les autres encore à sept mètres sous terre – là, je ne sais pas si c'est selon les opinions politiques…), dépourvu de presque tout, il n'avait manifestement pas les moyens de diriger quoi que ce soit.
    De toute manière, cette fiction d'un Saddam ex machina, il y a longtemps qu'elle n'est vraisemblable que pour ceux qui veulent y croire: ainsi que le dit Alexandre Adler dans sa chronique matinale, toujours sur France Culture, il est notoire que beaucoup de ces combattants de l'ombre sont soutenus, organisés et armés par des mouvements n'ayant rien à voir avec l'ex-parti baas, et pour certains – islamistes notamment – lui étant radicalement opposé. En bonne logique, et contrairement à ce que nous racontent nos chers médias, et ce que proclament les politiciens de tous bords et tous pays, la capture de l'ex-dirigeant de l'Irak a peu de chances de changer quoi que ce soit à la situation dans ce pays. On verra bien, mais d'après moi, le rythme des attentats et coups de force ne ralentira pas dans les mois qui viennent. En fait, on peut plutôt faire l'hypothèse d'une montée progressive des attaques contre les étrangers ou la population locale.
    Si on se rappelle le diverses étapes depuis «la fin de la guerre», à chacune, on eut le même discours: ça va stabiliser le pays et les choses vont se normaliser. Bon, encore une étape de «stabilisation» à venir. On verra…

    Complément au 04/10/2004:
    On a vu: la capture de Saddam Hussein ne change rien à la situation en Irak: on y voit toujours autant d'attentats, et même plutôt plus depuis la fin du printemps, et pour la «résistance» ou la «rebellion» ou «l'opposition» (selon opinions politiques, toujours), elle semble en fait mieux organisée qu'auparavant. Et même, pour les groupes d'obédience chiite, on voit l'effet inverse à celui (apparemment) escompté par nos «analystes» et politiciens, puisque, une fois Hussein disparu, le risque de voir se rétablir un régime à sa solde est éliminé.


  10. Après la victoire
    07/02/2004

    Vers le 23 ou le 24 mars 2003, j'écrivais ceci:

    «Le Gendarme du Monde s'est lancé sur l'Irak. Pourquoi ? On ne sait trop. Mais ça n'a pas d'importance. Je ne crois pas que ça aura un résultat très positif, mais ça peut en avoir. Vraiment, peu importe. Une guerre, on sait (à-peu-près) quand elle commence, on ne sait pas quand elle finit; on sait (plus ou moins) quel est son but, on ne sait pas quel est son résultat. J'ignore quelles pouvaient être, sont ou étaient les intentions de l'administration Bush, une chose dont je suis fort persuadé, la situation à l'issue de la guerre n'aura rien à voir avec le projet […]. L'armée composée des forces des États-Unis et de la Grande-Bretagne entrée en Irak le 19 ou 20 mars 2003, semble à tous points de vue actuellement la plus puissante du monde, que l'on considère l'avance technologique, l'équipement, la force de frappe, et la maîtrise des moyens de communications militaires et civils […]. C'est triste à dire mais même l'armée la plus puissante du monde se trouvera à équivalence avec la dernière armée du monde […]. Pire, elle sera à peine plus puissante devant une guérilla bien organisée (dois-je rappeler le Vietnam et l'Afghanistan, voire la Tchétchénie, pour l'histoire récente ?)

    Neuf mois après «la fin de la guerre en Irak», quelles nouvelles ? Pratiquement aucun des buts de guerre officiels n'est réalisé, et presque aucun en voie de l'être. Même les buts supposés – accaparer le pétrole irakien, réaliser des opérations juteuses sur le dos de la reconstruction, disposer d'une base d'opération moins problématique que l'Arabie séoudite dans la péninsule arabique – ne sont pas trop au rendez-vous. Au jour où j'écris ça, l'administration des États-Unis a certifié qu'en juin au plus tard des institutions locales – assemblée, gouvernement, administrations centrales – seront mises en place (certes pas les institutions démocratiques promises, mais c'était prévisible), et que les troupes de la coalition commenceraient à se replier. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que quand je mettrai un addendum les choses n'auront pas vraiment cette configuration. Et que pour le reste, ça n'aura pas non plus tellement évolué, sinon peut-être en pire…

    Complément au 15/04/2004:
    Que dire ? Presque un trimestre plus tard, l'enlisement prévisible devient patent. Bush et son administration sont dans un très mauvais cas, dont je débattais déjà moins d'un mois après «la fin de la guerre»: soit il reste, au risque de voir sa cote baisser à la mesure de la hausse du nombre de morts américains, soit il se retire sur un échec – quoi que, de toute manière c'est un échec… –, bref, pas de solution.
    Bien sûr, c'est faux: l'administration Bush pourrait essayer de faire une des choses qui étaient censément dans son contrat, aider la démocratie à s'installer, mais ça semble tout-à-fait en dehors de ses projets. Je crois que les «penseurs» qui épaulent Bush ont réellement cru à leur fantasme de «division ethnique» et prévoyaient – c'était d'ailleurs explicite alentour de juin 2003 – de créer une fédération; dans cette configuration, les choses étaient plus simples: ils laissaient une large autonomie aux Kurdes, les sunnites se retrouvaient isolés dans la partie la moins prospère du pays et devenaient de bons auxiliaires, de manière à recevoir quelques prébendes, la «zone tribale» était laissée en déshérence, résultat, les seules parties à devoir contrôler était la partie Chiite la plus urbaine et pétrolifère, et bien sûr Bagdad, du moins le centre de Bagdad. Moi, je ne comprends pas ces grands esprits: ils ont pourtant l'exemple de tout un siècle où quand les Irakiens sont laissés à eux-mêmes il y a du tirage, mais dès qu'une puissance essaie de mettre la main sur le pays, le sentiment national efface les dissensions.
    J'ouvre les paris: loin de se désengager à partir de juin 2004, l'administration Bush va au contraire renforcer la présence militaire étasunienne dans les mois qui viennent, et en outre, se trouvera dans l'incapacité, en juin de mettre en place une administration irakienne (plus ou moins) indépendante, pour cette raison évidente: qui aurait envie de gouverner un pays ingouvernable ? On verra ça d'ici juillet…

    Complément au 16/04/2004:
    J'oubliais: malgré tout, cette opération irakienne n'est pas un échec pour tout le monde, on peut même dire que par exemple pour une société comme la réputée Halliburton, le fait que la reconstruction ne démarre pas est «tout bénéf», elle a reçu des milliards qui, en ce moment, doivent faire des petits sur un compte rémunéré ou à la Bourse…

    Complément au 18/01/2005:
    Dans une autre page j'ai fait un quizz sur une déclaration du ministre italien des affaires étrangères, que voici:

    «Franco Frattini, le ministre des affaires étrangères, a affirmé: "l'Italie continuera à travailler en Irak jusqu'à ce que la coalition décide d'un transfert de responsabilité à un gouvernement légitime irakien". Théoriquement en juin. "Nous en discuterons à cette date", a ajouté le chef de la diplomatie italienne en visite en Roumanie»

    La question était: quand ? La réponse: mars 2003. Vint le mois de juin 2003, et il apparut que les choses prendraient finalement plus de temps. Après juin 2003 on nous promit des élections libres et démocratiques en juin 2004. Du moins le jusqu'en début 2004; après cela, il ne fut plus question pour cette date que d'un «gouvernement de transition», les élections étant remises au mois de janvier 2005, précisément le 30 de ce mois. Pour le redire, des élections libres et démocratiques. Et nous voici bientôt à cette date. Contre le bon sens, «la coalition» maintient la date, alors qu'à l'évidence, au mieux (sic !) elles sont promises à l'échec, plus probablement elles ne seront ni libres ni démocratiques. Pour l'aspect démocratique c'est plié: une élection dans ces conditions ne peut être désignée ainsi. Quant à être libres, j'ai un doute: la logique veut que le mouvement qui arrivera en tête sera la coalition chiite, suivi par la coalition orientée à gauche et peu favorable à «la coalition», ensuite la coalition kurde et les mouvements à coloration sunnite, bref, une majorité «chiito-gauchiste» qui n'aura guère la faveur des autorités non locales. Je ne sais pas pourquoi, mais encore une fois je suis plutôt pessimiste pour la suite des événements.
    Pour revenir au début de cette «brève» qui ne l'est point, je suis désolé de devoir dire que mon pronostic se révéla exact: le gouvernement actuel est un gouvernement fantoche qui ne résisterait pas à un retrait des troupes d'occupation et n'a aucune autonomie réelle, et hélas, la situation est effectivement pire aujourd'hui qu'il y a dix mois. On voit une courbe inquiétante: plus le temps passe, moins la situation se stabilise, ce qui va à l'encontre de ce à quoi on pourrait s'attendre. La question que je me pose est: combien de temps les États-Unis pourront-ils maintenir 150.000 hommes en Irak ? Et corollairement: leur retrait aura-t-il les mêmes conséquences désatreuses que celui du Vietnam il y a quelques décennies ?


  11. La paix règne au Soudan
    01/03/2004


    Une “brève” dans le droit fil de la troisième et de la septième.
    Mais oui, c'est évident ! La paix règne au Soudan. Et quoi ? le 23/10/2003, n'apprenions-nous pas dans Le Monde que «Pour les Etats-Unis, la paix au Soudan n'est plus qu'une question de semaines» ? L'article commence ainsi:

    «La paix au Soudan avant la fin de l'année, "au plus tard fin décembre". C'est l'échéance annoncée au Kenya par le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, lors de sa participation, mercredi 22 octobre, aux négociations de paix intersoudanaises organisées à Naivasha, à l'est de la capitale».

    La veille, un très beau titre: «Accord de paix en perspective d'ici à la fin de 2003 au Soudan»; début de l'article:

    «Les deux principaux protagonistes de la guerre civile qui sévit au Soudan depuis vingt ans se sont engagés à conclure, d'ici à la fin de l'année, un accord de paix global, lors de leur rencontre avec le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, mercredi 22 octobre à Naivasha (Kenya)».

    Le 4/11/2003, un “analyste” du Monde, son ancien directeur André Fontaine, en remet une couche dans un papier intitulé «Proche-Orient en mal d'électrochoc», qui débute ainsi:

    «Un besoin d'électrochoc, nouvelle version. Il en va des guerres comme de toutes choses humaines: elles finissent toujours par finir.«
    «Dernier exemple en date: celle qui ravage le Soudan depuis vingt ans et qui a fait au bas mot un million et demi de victimes. Colin Powell, qui s'est rendu sur place, annonce qu'avant Noël le gouvernement islamique du Nord et les chrétiens du Sud se seront entendus sur un accord global».

    Nous voilà rassurés. Un mois passe sans nouvelles de ce pays, sinon par la bande, ou pour des questions de santé publique. Le 5/12/2003, une belle annonce: «Première rencontre avec des rebelles de la SPLA à Khartoum en 20 ans»:

    «Longtemps tenue pour impossible, la paix entre les rebelles et le gouvernement soudanais, qui se combattent depuis vingt ans, semble se dessiner maintenant progressivement. Vendredi 5 décembre, une délégation de la rébellion sudiste a été accueillie en triomphe à Khartoum. C'est la première fois depuis le début de la guerre civile qu'une délégation de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) se rend à Khartoum. Des milliers de personnes, sudistes en majorité, étaient massées près de l'aéroport de Khartoum pour accueillir la délégation, scandant "Bienvenue, nouveau Soudan"»

    Le lendemain, «Les bruits de paix se précisent au Soudan»; trois jours plus tard, «Le gouvernement soudanais annonce un accord de paix d'ici à la fin du mois», et l'on apprend le même jour que «Mgr Gabriel Zubeir Wako, archevêque de Khartoum, est appelé à jouer un rôle dans le processus de paix». Tout va donc pour le mieux, et les annonces d'octobre semblent se confirmer. Et voilà que dix jours après, le 19/12/2003, on apprend que «L'ouest du Soudan se sent exclu de la paix négociée entre le nord et le sud». Avec cet article, commence notre éducation sur la géographie du Soudan, car un nom destiné à se faire connaître, le Darfour, apparaît:

    «La phase finale des négociations de paix entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Sud, destinées à mettre fin à plus de vingt ans de guerre civile, est mise en péril par l'embrasement du Darfour, la province semi-désertique de l'Ouest. Dans cette partie pauvre mais fortement peuplée du Soudan, l'armée gouvernementale s'engage de plus en plus au côté des milices "arabes" qui dévastent le Darfour pour son compte, depuis que le régime de Khartoum et les rebelles du sud du Soudan se sont mis d'accord, le 7 janvier, sur un futur partage des richesses - notamment pétrolières - du pays»

    Un petit creux d'un mois et le 19/1/2004 un “reportage” paraît sous le titre «Khartoum écrase la rébellion du Darfour par le feu et le sang», avec ce “chapeau” inquiétant:

    «Dans la province occidentale du Soudan se déroule un drame à huis clos. Près d'un million de personnes errent entre des villages attaqués, pillés, incendiés, parfois rasés. Les insurgés ont dénombré plus de 2 300 localités dévastées par les milices "arabes" armées par le pouvoir central»

    Suite à quoi, l'on apprend le 27/2/2004 que «Pour Khartoum, le conflit est "tribal, et non racial"», et le même jour, que «Le conflit du Darfour au Soudan franchit la frontière du Tchad». À partir du 9/2/2004 les choses s'accélèrent – ou devrait-on régressent ? – puisque ce jour-là, l'AFP nous apprend, à 14h25, que «Béchir (président du Soudan) assure que le Darfour est sous contrôle gouvernemental "total"»; mais un peu plus d'une heure après, à 13h48, «Un mouvement rebelle dément que l'armée soudanaise contrôle le Darfour»; quatre jour plus tard, le 13/2/2004, «N'Djamena dément toute implication dans la guerre au Darfour», ce qui vient en contradiction avec le fait que, apprenions-nous un mois plus tôt, «Le conflit […] franchit la frontière du Tchad»; le 22/2/2004, 12h51, l'AFP nous dit que «Des dizaines de civils tués dans une offensive de l'armée au Darfour»; enfin, le 28/2/2004, à 16h32, une (peut-être) bonne nouvelle, «Cessez-le-feu renouvelé pour un mois entre Khartoum et la SPLA», et à 18h52, une (peut-être) mauvaise, «Darfour: les rebelles affirment avoir tué "plus de 50 soldats et miliciens"».
    Pour mémoire, on se rappelera que «la paix règne en Côte d'Ivoire» depuis le 25/01/2003, ou du moins Le Monde nous annonçait fièrement «la fin des troubles» et une sorte de réconciliation nationale. Or un article récent de ce quotidien, en date du 18/2/2004, titre «Washington soutient l'envoi de casques bleus en Côte d'Ivoire». Afin de surveiller le «processus de paix ?». Croyons-le…

    Complément au 19/03/2004:
    Nouvelles du front. Apparemment, le Soudan a cessé d'intéresser Le Monde depuis la fin du mois de février: pas un article en avril. C'est qu'il ne s'y passe plus rien, sans doute… Et non, voici comment l'AFP titre une dépêche de ce jour: «Darfour: "la plus grande catastrophe humanitaire actuelle" (coordinateur Onu)». D'autres nouvelles demain. Ou non nouvelles, on verra…

    Complément au 15/04/2004:
    Finalement, les choses ont évolué, désormais le Darfour est bien implanté dans les pages de mon quotidien préféré (onze articles entre le 1° et le 14 avril) et dans les dépêches de l'AFP (au moins neuf pour la même période). Il commence a devenir un des «non lieux» qui parsèment les pages de nos périodiques: le 1° avril «l'ONU dénonce une catastrophe humanitaire au Darfour»; le même jour, «Khartoum et les rebelles du Darfour négocient au Tchad», mais le lendemain «les négociations inter-soudanaises sont toujours dans l'impasse»; quelques jours passent, et le 7 avril «Khartoum accepte de rencontrer les rebelles du Darfour» et le 8 «Khartoum signe un cessez-le-feu avec les rebelles du Darfour»; pour ceux qui auraient raté l'épisode précédent, le 9 avril on apprend ceci: «Darfour: gouvernement et rebelles soudanais ont signé un cessez-le-feu»; malheureusement, le 13 avril «Washington dénonce des violations du cessez-le-feu au Darfour». Si vous avez déjà oublié le début de cette brève de plus en plus longue, nous apprenions le 23/10/2003, par Le Monde, que «Pour les Etats-Unis, la paix au Soudan n'est plus qu'une question de semaines» ? D'un sens c'est vrai: entre cette date et aujourd'hui, un certain nombre, et pour tout dire un nombre certain de semaines a passé, semaines qui devinrent des mois, en espérant que, contrairement à la Côte-d'Ivoire, les mois ne deviennent pas des années…

    Complément au 30/06/2004:
    Colin Powell toujours, dans Le Monde toujours, dans l'aritcile «Colin Powell veut forcer Khartoum à cesser sa politique de terre brûlée dans le Darfour», qui nous apprend ceci:

    «Le secrétaire d'Etat arrive au Soudan précédé par l'annonce, vendredi à Washington, du déblocage de 14 millions de dollars (près de 11,5 millions d'euros) supplémentaires pour financer les besoins d'une opération humanitaire d'urgence au Darfour, portant la contribution américaine à 110 millions depuis février 2003. Mais Colin Powell compte surtout faire pression sur le gouvernement soudanais pour que le désarmement des janjawids, annoncé récemment par le président Omar Al-Bachir, devienne effectif et que le Darfour, coupé du monde depuis un an, soit ouvert aux organisations humanitaires. Quitte à brusquer le gouvernement de Khartoum, au nom d'une philosophie ainsi résumée par un responsable américain à l'agence Reuters: “Powell va les regarder dans les yeux et leur dire: ‘vous allez souffrir si vous n'acceptez pas ce qu'on vous demande, et cela, immédiatement’”».

    C'est curieux, mais j'ai le sentiment qu'«ils» ne vont pas plus souffrir demain qu'«ils» ne souffrent aujourd'hui et qu'«ils» n'on souffert hier. Sauf si «ils» sont les habitants du Darfour – au passage, en suivant les médias, on porrait croire qu'au Soudan, seule la région du Darfour est en crise, ce qui n'est de loin pas le cas; mais quoi !, on ne peut pas «accueillir toute la misère du monde» dans nos médias…
    Au passage, il est intéressant de noter «la contribution américaine à 110 millions depuis février 2003» pour le Darfour; ce qui représente plus que la contribution annuelle des mêmes États-Unis pour la reconstruction de l'Afghanistan. Par contre, ça représente un cinquantième de la dépense des mêmes pour l'entretien de leur appareil militaire actuellement en Afghanistan.

    Complément au 13/01/2005:
    Comme le temps passe ! Voilà donc près de six mois que je n'avais pas mis cette brève à jour. Il faut dire qu'on n'avait pas de nouvelles très… nouvelles du front du Darfour: certes il y eut une certaine aggravation durant les mois d'été (ce qui donne à penser sur la situation réelle au Darfour: habituellement, la saison des pluies est accueillie comme un bienfait dans cette région sèche), mais l'un dans l'autre, triste à dire, la situation était plutôt stationnaire, avec de temps à autre un mouvement puis un contre-mouvement des parties. Et voilà que, le 6 janvier, on apprend enfin quelque chose de nouveau et de rassurant:
    «Le gouvernement soudanais et le principal groupe rebelle sudiste doivent signer dimanche à Nairobi devant plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement un accord de paix qui mettra fin à 21 années de guerre».
    Finalement, Colin Powell ne se sera trompé que d'un an, ce qui pour un conflit qui, le rapppelle l'auteur de cette dépêche, durait depuis quatre décennies, est somme toute négligeable. Un article du Monde confirmait l'évolution le 9 janvier:
    «La paix au Sud-Soudan a été scellée dimanche 9 janvier à Nairobi, à l'issue d'un conflit de 21 ans, le plus ancien d'Afrique. Le vice-président soudanais Ali Osman Taha et John Garang, chef de la rébellion sudiste, ont signé un accord historique».
    Malheureusement, il y a deux problèmes: le Darfour, comme spécifié au début de cette brève, n'est pas au sud du Soudan, donc pas concerné par l'accord signé; et dans le sud, un nouveau mouvement armé semble en cours de constitution. Enfin, nouveau, disons que ceux des membres du mouvement signataire qui ne sont pas d'accord font une scission et constituent un «nouveau» mouvement, qui ressemblera cependant beaucoup à l'ancien. Et au Darfour on a quelque chose du même genre. Bref, on a bon espoir d'un réglement pour 2055.


  12. Pour mémoire, avant élections
    03/04/2004

    Un document très intéressant, Cet article paru dans Le Monde en date du 4 mars 2004, au titre évocateur, «L'UMP menace l'UDF de rétorsions électorales». On y lit des phrases a posteriori assez savoureuses, comme, «la commission exécutive de l'UMP a décidé de durcir les conditions de fusion des listes des deux partis au soir du 21 mars afin, dit-on, de "rétablir l'équilibre de la terreur"», ou, «Pour l'UMP, l'automaticité de cette fusion n'est inscrite nulle part. "On ne perdra pas notre temps avec les listes qui auront recueilli un score minable", explique un des responsables de la commission d'investiture», d'ailleurs «les listes UDF qui obtiendraient un score inférieur à 10% au soir du 21 mars […] ne bénéficieront d'aucun traitement de faveur», ou encore plus drôle, «Certains chefs de file de l'UMP, à l'instar de Antoine Rufenacht, tête de liste en Haute-Normandie, ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils n'étaient pas favorables à l'établissement d'une liste commune après le premier tour, même dans le cas où ils arriveraient derrière l'UDF».

    Complément au 30/06/2004:
    Pour mémoire, après élection…
    Ma foi… Le 23/03/2004 encore, «Le grain de sable est venu de la Basse et Haute-Normandie où les têtes de liste UMP […] ont réitéré leur refus de fusionner avec les listes UDF»; mais le lendemain, «Antoine Ruffenacht, tête de liste UMP (21,14%), a passé un accord de fusion avec Hervé Morin (UDF, 12,56%)». Au fait, et «les listes qui [ont] recueilli un score minable» ? Au Nord-Pas-de-Calais, «la liste UMP de Jean-Paul Delevoye (17,27%) a fusionné avec celle de l'UDF (8%)», dans le Limousin «la liste UMP de Raymond Archer (23,34%) a fusionné avec celle de Jean-Claude Deschamps, UDF (8,27%)», mais le plus intéressant est la Lorraine, où «le président UMP sortant (UMP), Gérard Longuet (22,14%), est parvenu à fusionner sa liste avec celle de l'UDF menée par Nathalie Griesbeck (8,71%) et celle de Jean-Louis Masson, (app. UMP, 6,69%)». Comme quoi, si nécessaire on parvient même à inclure les exclus dans les listes de fusion…


  13. La paix règne…
    30/06/2004

    Petit état des lieux. La brève «La paix règne en Palestine» fut commencée le 20/12/2002, depuis, les nouvelles en provenance de ce front varièrent en importance (médiatique, s'entend), par exemple, il ne s'y passa de nouveau rien entre mars et mai 2003, en tout cas rien qui mérite la “une”, puis depuis septembre 2003 c'est de nouveau un sujet assez important, mais pas toujours… La brève «La paix règne en Côte d'Ivoire» débute le 25/01/2003, et se réfère à une affaire commencée trois ou quatre mois plus tôt; depuis, tous les deux ou trois mois, lors qu'un coup de chaleur plus fort que les autres, ou d'un creux dans l'actualité internationale, on en entend de nouveau parler, pour apprendre que la paix ne règne pas vraiment, et plutôt moins aujourd'hui qu'en juin 2003. Celle «La paix règne au Soudan», commencée le 01/03/2004 à partir d'un article en date du 23/10/2003, semble en voie de «côte-d'ivoirisation»: de mois en mois, on constate que, ma foi, qu'on en parle on qu'on n'en parle pas, ça ne change pas grand chose. Colin Powell (voir complément en date de ce jour) menace: si ça continue comme ça, attention, hein ! Mais comme on dit, ce n'est que menace verbale, qui en outre a peu de chances d'avoir des suites.
    J'ai pris ces trois cas, j'aurais bien sûr pu en prendre beaucoup d'autres, on ne voit pratiquement pas un mois qui ne nous apprenne qu'incessamment sous peu la paix va régner ici ou là, et quinze jours ou un mois après, on apprend que finalement, au mieux rien n'a changé, souvent ça s'est dégradé. La paix règne. D'ailleurs, George W. Bush nous l'a dit récemment, «Nous vivons dans un monde plus sûr»


  14. Retour sur l'Irak

    Voici ce que nous dit l'AFP sur l'avenir policier du pays:
    La police devrait recruter près de 100.000 ex-militaires de Saddam Hussein
    AFP | 18.01.05 | 10h14

    La police irakienne a embauché ces sept derniers mois 50.000 militaires de l'ex-armée de Saddam Hussein et devrait en recruter plus du double dans les trois prochaines années, a affirmé à l'AFP un haut responsable du ministère irakien de l'Intérieur. "Depuis juin, nous avons recruté 50.000 soldats de l'ex-armée de Saddam Hussein, car ce sont des gens qui ont reçu un bon entraînement et savent se battre. Nous en avons besoin dans la situation actuelle", a indiqué l'adjoint du ministre de l'Intérieur Adnane Hadi al-Assadi. Selon lui, il y a actuellement environ 100.000 policiers mais pour assurer la sécurité, il en faudrait entre 250.000 et 300.000. "Il y a environ 30 millions d'Irakiens. Il nous faudrait dans les trois prochaines années un policier pour 100 habitants car la situation est instable alors qu'en Occident la moyenne est de 1 pour 300". "Le nouveau recrutement doit se faire en grande majorité parmi ces ex-militaires, notamment pour l'encadrement et le terrain", a-t-il ajouté. "Le plan du ministre de l'Intérieur est d'utiliser surtout les éléments de l'ancienne armée, pour améliorer la sécurité et régler un dossier social car 500.000 militaires ont été licenciés et beaucoup n'ont pas de travail. C'est aussi un moyen de les sortir des mains des terroristes", selon lui. En mai 2003, l'administrateur en chef américain Paul Bremer a dissous l'armée et les services de renseignements du régime déchu de Saddam Hussein, jetant à la rue et dans la misère des centaines de milliers de militaires. Ces derniers s'étaient révoltés et avaient obtenu de toucher en partie leurs salaires mais beaucoup avaient rejoint la guérilla ce qui expliquerait la sophistication des attaques contre les forces américaines et irakiennes. Interrogé sur la manière dont il pouvait s'assurer de la loyauté des nouvelles recrues, M. Assadi a confié que le recrutement se faisait à partir de "recommandations obtenues auprès des chefs de tribus, de partis politiques et de figures nationales. Nous les connaissons et pouvons leur faire confiance". Il a en outre indiqué que son ministère comptait licencier 30.000 policiers recrutés à l'époque par l'Autorité provisoire de la coalition dirigée par les Etats-Unis "car cela s'était fait en dehors des procédures et des personnes embauchées n'avaient aucune idée de la sécurité". Selon lui, les Américains ont décidé d'y remédier en allouant 60 millions de dollars pour acheter un matériel sophistiqué et mettre en fiche tous les policiers et pour payer les indemnités de licenciement (1.000 à 2.000 dollars). Depuis cinq mois, l'ensemble du personnel dépendant du ministère de l'Intérieur à Bagdad a été fiché, avec empreintes digitales et de l'iris, ainsi qu'un questionnaire très complet sur ses études et sa carrière. "Grâce à ce système, nous nous sommes aperçus qu'un officier avait inscrit les noms de 50 policiers fictifs et encaissait leurs salaires", a-t-il confié. Le fichage à Bagdad est terminé et doit commencer dans les six provinces. "Nous pensons avoir terminé dans quatre ou cinq mois et nous pourrons alors entamer notre vaste opération d'épuration". La police dispose depuis peu d'unités d'intervention rapide. Cinq bataillons de commandos, soit au total 4.000 hommes, sont désormais opérationnels contre la guérilla et certains sont intervenus à Mossoul (nord), Latifiyah (au sud de Bagdad), Bagdad et Falloujah (ouest). Il y a aussi les "forces d'intervention rapide" et les "forces d'urgence" qui se rendent sur le terrain en cas d'incident. "Ces deux forces ont quasiment le même rôle et devraient fusionner à l'avenir", a-t-il dit. Enfin, face à la multiplication des attaques, le ministère a créé "les forces de police des autoroutes", qui seront équipées de véhicules blindés et "si les Américains l'autorisent nous leur donnerons des hélicoptères. Car, pour le moment nous avons une souveraineté sur le sol mais pas dans l'air".
    George W. Bush nous le confirme en ce début d'année 2005, «Nous vivons dans un monde plus sûr». Il nous a confirmé la chose le 13 janvier 2005, et plusieurs fois encore les jours suivants. Ce 13 janvier, en un condensé saisissant il reprit tout le thème propagandiste égréné au cours des mois précédents, suite à une question sur l'absence définitivement avérée d'armes de destruction massive en Irak:

    «“Je pensais que nous trouverions des armes de destruction massive. Beaucoup ici aux Etats-Unis, beaucoup dans le monde, les Nations unies, pensaient qu'il [Saddam Hussein] avait des armes de destruction massive et nous devons trouver ce qui a cloché dans la collecte de renseignements", a-t-il expliqué. Selon lui, "Saddam était dangereux et le monde est un endroit plus sûr maintenant qu'il n'est plus au pouvoir".

    Bon. Beaucoup le pensaient «dans le monde, les Nations unies». Étrange, j'ai le sentiment inverse: hors des États-Unis (qui furent il est vrai soumis à une propagande serrée) et au sein des Nations Unies, j'ai l'impression qu'une majorité fut, comme moi, persuadée que les «armes de (etc.)» servaient avant tout de faux prétexte pour légitimer l'intervention. Que Saddam Hussein fut dangereux, j'en suis sûr, mais pour son peuple, et non pour les États-Unis ou même pour ses voisins; et bien sûr, le slogan «le monde est un endroit plus sûr maintenant», que Bush ou ses conseillers assènent au moins une fois par semaine semble dérisoire devant le fait évident que le monde est moins sûr.
    Mais revenons à notre dépêche: j'avais écrit quelques textes sur la situation en Irak en 2003, qui depuis ont disparu de mon site, pour cause d'inachèvement et de non désir de l'auteur de les poursuivre. J'y écrivais entre autre ceci:

    «Le déroulement [de l'intervention en Irak] est incertain, tout dépend de si l'on parle du court, du moyen ou du long terme: à court terme on peut présumer une «victoire» de «la Coalition», même s'il n'y a jamais de certitude quant à l'issue d'une guerre; vue l'incommensurable différence de potentiel entre belligérants, on peut supposer que les armées américano-britanniques devraient parvenir à occuper le terrain, donc, disons que la victoire militaire est quasi certaine; à moyen terme, et bien, je ne sais pas: est-ce que le maintien de l'essentiel du pouvoir actuel sous contrôle d'un «proconsul» américain épaulé par une force d'occupation assez importante sera considéré comme une «victoire de la Coalition» ? Je suis idiot, peut-on présumer que les dirigeants actuels de l'Irak sont susceptibles de faire ce qu'ils n'ont pas fait depuis 35 ans, installer la démocratie ? Or, telles que les choses se dessinent, on se trouvera bien avec ce schéma: des baasistes “modérés” (?) épaulés par des éléments “sûrs” (?) de l'armée et des exilés “convenables” (?)».

    Dans l'ensemble, je ne vois trop rien à redire: on a pu constater qu'après l'erreur de Paul Bremer qui mit à pied une bonne partie des fonctionnaires au prétexte qu'ils avaient la carte du parti baas, ils furent peu à peu réintégrés puisqu'étant les seuls cadres disponibles; même l'actuel premier ministre est un ancien des services secrest irakiens, certes «transfuge», mais dans des conditions assez douteuses; la dépêche ne le mentionne pas, mais un nombre non négligeable des hauts cadres de l'armée sont déjà réintégrés; et donc, nous voilà à l'étape suivante, l'ordre confié aux anciennes forces de l'ordre. Des «baasistes modérés» ? Sans vouloir médire de l'administration de M. Bush, plus le temps passe, plus l'hypothèse que je me fis à l'époque semble se confirmer.
    Je me disais, fin 2002-début 2003, que le but probable de l'intervention était avant tout de se débarasser de Saddam Hussein et de ses plus proches collabateurs qui, à partir de 1990 environ, étaient devenus des alliés encombrants et de moins en moins contrôlables, pour reprendre le régime en main sans changer l'équilibre des rapports de force internes, exception faite, peut-être, de la zone kurde. En ce 18 janvier, je fais de nouveau un pronostic que j'espère voir démenti: si elles ont vraiment lieu, le résultat des élections à venir du 30 janvier seront invalidées, et les institutions «transitoires» actuelles reconduites. On verra.
    ADDENDUM au 10/04/2005: il est difficile de savoir si mon pronostic était faux: les élections ne furent pas invalidées, mais leur résultat était si prévisible que ça ne vaut guère mieux; quant à l'autre pronostic, malgré un savant jeu de chaises musicales, je constate que le gouvernement post-électoral ressemble beaucoup à celui pré-électoral. Disons que les élus du 30 janvier désignèrent librement un gouvernement qui ne déplairait pas trop à l'armée «de non occupation»…


  15. Irak: un jour presque ordinaire
    Commencé le 30/01/2005

    Un article du site lemonde.fr daté 30/01/05, 17h34, s'intitule «Journée historique et sanglante en Irak»; le premier adjectif est relativement vrai, le second est absolument vrai; si par exemple, le même jour à la même heure le titre avait été «Journée historique et sanglante aux États-Unis», les deux adjectifs auraient été absolument vrais; si il avait titré «Journée historique et sanglante en France» le 6 juin 1944 (sinon le fait que ni Internet, ni Le Monde n'existaient à cette date) c'eut été relativement vrai. Ce qui pose la question de l'absolu et du relatif: est absolu ce qui ne dépend pas d'une situation circonstancielle; est relatif ce qui en dépend. Se reliant à l'ensemble de ce qui se passa en Europe entre 1938 et 1945, la journée du 6 juin 1944 fut historiquement plus notable que celle de la veille et que celle du lendemain; se reliant aux données de mortalité dans la Manche et le Calvados pour le mois de juin 1944, le 6 juin 1944 est remarquable par la crête de décès constatés. Concernant les États-Unis, au 30 janvier 2005, le nombre de décès est relativement peu remarquable, il y en eut grosso modo autant que la veille et que le lendemain[1]; du point de vue de l'histoire non plus: il ne s'est rien passé ce jour là qui fasse que l'on parlera dans les temps à venir d'un événement marquant dans ce pays; absolument, il y a quelque chose à en dire: cette journée s'inscrit dans le flux de l'histoire, comme celle de la veille et celle du lendemain, et il y a eu des morts par mort violente aux États-Unis. Reste l'Irak: indéniablement, c'est une journée relativement remarquable sur un plan historique, puisque les Irakiens ont eu l'occasion pour la première fois depuis très longtemps – cinq décennies – de choisir librement leurs dirigeants, et à mon avis, quel que soit le résultat ça restera une date dans l'histoire; par contre, elle n'aur rien eu de relativement remarquable sur le plan de la mortalité; dans l'article, on précise qu'il y avait, à l'heure indiquée, 36 morts et 96 blessés, ce qui en fait une journée plutôt dans la moyenne constatée sur la période (janvier 2005).
    Les informations entièrement absolues ne font jamais le gros titre d'un journal, raison pour laquelle la comptabilité au jour le jour des morts irakiennes a déserté la “une” depuis plus d'un an et demi, pour n'y revenir qu'à l'occasion d'un «nombre symbolique» – puissance de dix ou multiple de mille dans une société à système de numération décimale. Mais on voit souvent des titres accolant d'un fait relatif et d'un fait absolu, ce qui «relativise» le fait absolu et «absolutise» celui relatif: dans notre cas, associer la mobilisation électorale et le nombre de morts a pour effet de rendre remarquable une chose qui ne l'est pas (37 morts), et pour effet collatéral de diminuer la singularité de l'élection en l'associant à un fait qui, pour le lecteur, est «ordinaire», il y a des morts en Irak. Le dogme actuel dans nos médias est de séparer le commentaire et le fait: en titrant «Journée historique et sanglante en Irak», Le Monde donne l'apparence d'énoncer un fait, mais cette formulation est en soi un commentaire.
    Tiens, je crois que je vais envoyer un courriel au journal, en espérant que ça donnera à sa rédaction matière à méditer sur la différence entre information et propagande, entre l'énonciation des faits et leur interprétation. Si j'ai une réponse je mettrai cette page à jour ultérieurement pour vous en faire part, amis visiteurs.
    ADDENDUM: J'ai bien reçu une réponse et mon correspondant me disait que ça lui avait donné à réfléchir. Comme quoi, si vous avez quelque chose de pertinent à écrire à votre périodique préféré, il ne faut pas manquer de le faire.
    [1] Pour rappel, j'écris cela le 30 janvier en question vers 19h, mais sauf attentats, catastrophe ou changement politique imprévisibles dans les 31 heures à venir, et à mon avis ça n'arrivera pas, ce que dit pour les États-Unis est en toute probabilité vraisemblable. Je verrai après-demain si c'était vrai.


  16. Devancé par l'actualité…
    11/03/2005

    Ce matin, lisant des articles et écoutant des informations sur le thème fédérateur et prévisible «un an déjà !» (mais oui ! Cette brève est en date du 11 mars 2005), je me dis tiens, tu devrais faire un petit texte sur cette question cruciale: pour le 11 mars, combien de minutes ? En bavassant sur le fait qu'au rythme où vont les choses, vers 1012 on aurait droit à l'heure de silence. Et ça n'a pas manqué: le 11 septembre 2002, on avait eu droit aux deux minutes; l'an dernier déjà, le Parlement européen requérait trois minutes de silence; cette année, plus que de ne pouvoir faire moins, on se devait de faire plus; ça ne manqua pas: cinq minutes, et en outre, obligatoires en Espagne (décidées par arrêtés municipaux). Je ne puis croire que les États-Unis en resteront là, c'est une question d'honneur ! Pour le quatrième anniversaire du onze-neuf, j'escompte les dix minutes… Ou non: plutôt que dix minutes de silence, cinq minutes de pleurs et de cris déchirants !
  17. L'information va de plus en plus vite…
    01/10/2005

    En son temps, j'avais écrit quelque chose là-dessus, dans la critique d'une «chronique du médiateur» (celui du journal Le Monde) où il expliquait que de temps à autres se glissaient des erreurs dans son journal «parce que les pages d’actualité du quotidien se fabriquent de plus en plus vite, [et] les correcteurs n’ont pas le temps de relire l’ensemble des articles»[1]. Factuellement, «l'actualité» va à la même vitesse en ce samedi 1° octobre 2005 qu'il y a dix, trente ou cent ans: à la vitesse de 24 heures par jour. En revanche, le traitement de cette «actualité» a beaucoup changé: il y a trente ou quarante ans de ça, quand deux parties en conflit se mettaient autour d'une table pour tenter de trouver une solution, nul n'envisageait qu'un résultat concret et durable ne sorte de ces pourparlers avant plusieurs mois, sinon plusieurs années; au mieux, on escomptait un cessez-le-feu assez rapide et peut-être durable, prélude à de vraies négociations, avec plusieurs phases de discussions, avec quelques petites avancées entrecoupées par des reculs… Or, avec les années, il y eut ceci de curieux: sur le terrain les choses se passent toujours de la même manière, mais les médias ont pris l'habitude de considérer qu'une réunion «de paix» doit immanquablement déboucher sur une solution quand les négociateurs auront quitté la table. Et bien sûr, ça n'arrive jamais. Du coup, trois ou quatre semaines après, ils en tirent la conclusion que «la négociation a échoué» et que «la situation est inchangée». Ce qui est généralement faux: il y a eu des petites avancées et, le plus souvent, les choses sont, sinon mieux, en tous les cas moins pires après qu'avant.
    Pourquoi je vous raconte cela ? Parce que ça se relie aux «brèves» numérotées 3, 7, 11 et 13. La dernière peut sembler déceptive, car dans le dernier alinéa j'y écris: «Pas un mois qui ne nous apprenne qu'incessamment sous peu la paix va régner ici ou là, et quinze jours ou un mois après, on apprend que finalement, au mieux rien n'a changé, souvent ça s'est dégradé». Mais ce n'est pas mon opinion, c'est celle qu'on lit ou entend de la part des médiateurs. Bien sûr, je constate que dans certains cas il y a effectivement aggravation, mais le plus souvent, il y a une amélioration par rapport à la situation avant les négociations.
    Voici comment se constitue la perception déceptive des médiateurs: lorsque les parties au conflit décident de négocier la crise est généralement au plus haut; alentour de ces premiers pourpalers il y a une nette amélioration sur le terrain, justement liée au fait de la négociation; assez vite après, la situation se dégrade de nouveau. On a donc ce schéma: à «négo - 1 semaine», on en est à 8 sur l'échelle de gravité des conflits; de «négo» à «négo + 3 semaines» on retombe à 3 sur cette échelle; à «négo + 9 semaines» on remonte à 5. Relativement à «négo+3» la situation est pire, à «négo+9»; mais relativement à «négo-1» elle est meilleure. Mais, de même que l'information «va de plus en plus vite», la mémoire «va de moins en moins loin»: le commentateur pressé ne prend pas en compte l'ensemble de la situation, des prémisses du conflit jusqu'à la situation actuelle, mais la seule part qui va depuis le dernier «pic», le dernier fait saillant. En l'occurence, ce pic se situe à la période des négociations, ce qui masque, pour notre commentateur pressé, que loin d'être passé de 3 à 5 sur l'échelle de gravité des conflits, on est passé de 8 à 5 relativement au pire moment… Et en outre, on n'alla jamais au-delà de ce degré 5 depuis.
    Les «brèves» 3, 7 et 11 concernent deux événements plus un «non-événement» dont on peut avoir deux perceptions: celle au jour le jour et à court terme (celle de «l'actualité») est: «ça ne s'arrange pas», voire «ça empire»; celle en extension et à long terme est: en ce 01/10/2005, la situation dans ces trois conflits est moins pire, voire (Moyen-Orient) meilleure qu'au pire moment, et même moins pire que lors du dernier «pic négatif» (e.g.: lors du dernier «plus haut» de l'échelle de gravité des conflits).
    Bref, la question pertinente, celle dont devraient nous informer les médias, n'est pas de savoir si, occasionnellement, il se passe dez choses «graves» ici ou là – à coup sûr, il y a des conflits dans les zones de conflits… – mais si, sur le long terme, les choses semblent s'orienter vers une solution admissible pour les diverses parties. Or, dans ma perception, si en Côte-d'Ivoire ça ne progresse guère, au Soudan et surtout au Moyen-Orient, ça va plutôt dans le bon sens. Mais ne faites pas comme nos médiateurs et n'espérez pas d'un conflit qui a sa source des années, des décennies ou des siècles en arrière qu'il se règlera dès demain matin…

    [1] Incidemment, j'y faisais cette remarque: Le Monde a 23 correcteurs (du moins en avait-il ce nombre lors de cette «médiation»); si au heures de travail le tiers est en action, le quotidien comportant en général de 32 à 48 pages, chacun doit s'occuper d'entre 4 et 6 pages; plus de la moitié du journal comporte des pages «non actuelles» (rubriques, articles de fond, chroniques, publicité, etc.), donc au pire quatre pages par correcteur actif sur environ 12 heures, ou une page à corriger sur trois heures. Bref, «la vitesse de l'actualité» a bon dos. Je faisais aussi cette remarque, partant d'ailleurs de ce que rappelait Robert Solé dans sa chronique: aux temps de l'offset, Le Monde avait trois éditions par jour et bien moins de coquilles, cuirs et incorrections. Ça laisse à penser quant à la «vitesse de l'actualité» et à son incidence sur la qualté de la correction…

  18. À force de courir après l'information on finit par la dépasser…
    23/10/2005 - 20:59

    Je le disais juste avant, le médiateur du Monde écrivit un jour que «les pages d’actualité du quotidien se fabriquent de plus en plus vite […]»; et comme il ne l'écrivit pas, les journalistes sont si occupés à lui courir après qu'ils finissent par dépasser “l'actualité” sans s'en rendre compte. Lisant l'accroche de la page http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-702558@51-702559,0.html publiée sur son site par le quotidien, j'ai pensé: elle va disparaître, remplacée par un titre plus réaliste. Cette accroche était à-peu-près: «Crash d'un avion nigérian: au moins la moitié des passagers aurait survécu». Si ce n'était cela terme à terme du moins je suis certain des mots “au moins la moitié” et “survécu”. Je dois être idiot car je ne crois pas aux miracles: je n'imaginais pas qu'il y aurait des survivants dans ce “crash”. Et il n'y en eut pas. Voici donc, pour mémoire, les deux versions de cet article qui subit une «révision historique» (façon stalinienne) expresse. Ce qui fera de cette «brève» une «brève» exceptionnellement longue…


    Le Monde / International
    Crash d'un avion nigérian avec 114 personnes à bord

     I nespéré, plus de la moitié des 116 passagers du vol Lagos-Abuja écrasé samedi peu après son décollage auraient survécu à la catastrophe. C'est ce qu'a annoncéle porte-parole du gouvernement de l'Etat d'Oyo, où les débris de l'avion ont été retrouvés. "Les services d'urgence dans l'Etat ont été mobilisés", a ajouté la même source. Selon a porte-parole de l'organisation régionale, Adrienne Diop, des responsables de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) se trouvaient à bord de l'avion mais elle ne précise pas s'il font partie des rescapés.
    SANS NOUVELLE DEPUIS SAMEDI SOIR
    L'appareil, un Boeing 737 de la compagnie privée Bellview Airlines assurant la liaison de Lagos, la capitale économique du pays, à Abuja, sa capitale administrative, avait décollé à 22 h 50 (heure française) samedi et on était sans nouvelle depuis.
    Selon les autorités aéroportuaires, l'avion avait disparu des radars au dessus de l'Atlantique peu après avoir décollé et avoir effectué une courbe au sud de la ville portuaire de Lagos pour prendre la direction du nord au dessus des terres. Dans un premier temps, les responsables ont suggéré que l'appareil avait pu s'abîmer en mer.
    Des hélicoptères ont été envoyés à la recherche de l'avion et des passagers dans les zones maritimes puis vers la terre ferme. Un officiel de l'administration maritime nigériane Tidjani Bako a indiqué à l'AFP que les recherches se concentraient dimanche dans un secteur entre les villes d'Ibadan et d'Ilorin, à 100 km au nord-est de Lagos. "Je ne pense pas que quiconque ait pu survivre si l'avion s'est écrasé sur la terre ferme", a-t-il souligné.
    BELLVIEW UNE COMPAGNIE PROFESSIONNELLE
    Des diplomates ont indiqué avoir été mis au courant de la disparition de l'avion mais étaient incapables de dire si des étrangers se trouvaient à bord. Le Nigéria a été le théâtre de nombreuses catastrophes aériennes, dont une en mai 2002 qui avait vu un avion de ligne s'écraser sur l'aéroport de Kano (nord) faisant 149 morts, dont les 115 personnes se trouvant à bord.
    Le 6 juillet 2005, un Airbus A330 de la compagnie Air France s'était trouvé au moment de son atterrissage à Port-Harcourt (sud) au-dessus d'un troupeau de vaches sur la piste et avait heurté l'un des ruminants. Bellview Airlines est une compagnie aérienne privée assurant des vols à l'intérieur du Nigeria et en Afrique de l'Ouest. De nombreux hommes d'affaires internationaux et des diplomates empruntent la ligne entre Lagos et Abuja.
    Plusieurs compagnies privées aériennes du Nigeria sont considérées comme peu sûres par les voyageurs étrangers. Bellview Airlines avait cependant la réputation d'être dirigée professionnellement et d'offrir des conditions de sécurité satisfaisantes.
    Avec AFP, Reuters

    LEMONDE.FR | 23.10.05 | 09h35 ♦ Mis à jour le 23.10.05 | 13h06
    Le Monde / International
    Aucun survivant dans le crash d'un Boeing 737 au Nigeria

     L es 111 passagers et six membres d'équipage du vol 210 de la compagnie nigériane Bellview Airlines ont tous péri samedi soir dans l'accident du Boeing 737 qui s'est écrasé près de Lagos peu après son décollage, a indiqué dimanche un porte-parole de l'Agence fédérale nigériane pour la gestion des urgence (NEMA).
    "Nous nous sommes rendus sur les lieux de la catastrophe. C'est un terrible accident", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la Croix Rouge du Nigeria, Abiodun Orebiyi. "L'avion est en miettes. Il y a des morceaux de corps partout. Il est très difficile d'identifier les morts. C'est terrible, très tragique", a-t-il ajouté. Selon lui "des maisons ont été soufflées par l'explosion causée par la chute de l'appareil" et des habitants ont été très légèrement blessés.
    Selon le porte-parole de la NEMA, Ibrahim Farinloye, l'impact au sol a dû être à grande vitesse car l'épave de l'avion "était complètement enterrée".
    ANNONCES CONTRADICTOIRES
    Une certaine confusion a entouré toute la journée de dimanche le lieu et le bilan de l'accident du Boeing 737 qui avait décollé de Lagos samedi soir pour Abuja, la capitale.
    Des sources officielles avaient d'abord situé l'épave de l'avion à 400 km au nord de Lagos, mais M. Orebiyi a finalement indiqué que le Boeing 737 s'était écrasé près de la ville d'Otta, juste au nord de Lagos.
    Le vol 210 de la Bell view Airlines avait décollé samedi à 19 h 50 heure locales(20 h 50 à Paris) de Lagos, capitale économique du pays, pour Abuja, la capitale administrative avec 117 personnes à bord dont six membres d'équipage. Quelques minutes plus tard, il avait disparu des écrans radar. "Nous avons perdu contact trois minutes après le décollage", a précisé dimanche un responsable de Bellview à l'aéroport de Lagos. Les raisons de la chute de l'appareil sont encore inconnues.
    Selon les autorités aéroportuaires, l'avion a disparu des radars au dessus de l'Atlantique peu après avoir décollé et effectué un virage au sud du port de Lagos pour prendre la direction du nord au dessus des terres. La porte-parole de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Adrienne Diop, a de son côté indiqué que des responsables de l'organisation régionale se trouvaient à bord : "Nous sommes en train de prévenir les familles.", a-t-elle déclaré.
    Des premières informations avaient fait croire que l'appareil avait pu s'abîmer en mer et du coup les autorités avaient envoyé des hélicoptères au dessus de l'océan pour entamer des recherches.Ce n'est que de longues heures plus tard que l'appareil a été localisé sur la terre ferme.Dans un communiqué le président nigérian Olusegun Obasanjo a indiqué avoir appris la nouvelle de la catastrophe avec "une immense tristesse".
    Bellview Airlines est une compagnie aérienne privée assurant des vols à l'intérieur du Nigeria et en Afrique de l'Ouest. De nombreux hommes d'affaires internationaux et des diplomates empruntent régulièrement la ligne entre Lagos et Abuja. Plusieurs compagnies privées aériennes du Nigeria sont considérées comme peu sûres par les voyageurs étrangers. Bellview Airlines est en revanche considérée comme offrant des conditions de sécurité satisfaisantes.
    Le Nigeria a été le théâtre de nombreuses catastrophes aériennes, dont une en mai 2002 qui avait vu un avion de ligne s'écraser sur l'aéroport de Kano faisant 149 morts, dont les 115 personnes se trouvant à bord.
    Avec AFP
    LEMONDE.FR | 23.10.05 | 09h35 ♦ Mis à jour le 23.10.05 | 19h13


  19. On ne peut pas tout vouloir
    29/07/2006 - 08:48

    Ce matin j'entendais (à-peu-près) ceci sur ma radio:

    Jan Egeland demande une trêve humanitaire de 72 heures
    Le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU, Jan Egeland, a appelé hier à partir de New York à une trêve de 72 heures entre Israël et le Hezbollah pour évacuer les blessés, et acheminer des vivres et des médicaments dans la zone de conflit.

    Dans le même temps l'ONU, sous les espèces de son Conseil de sécurité, reconnaît le droit à Israël d'assurer (justement) sa sécurité, il y a là une contradiction: une «trève humanitaire» de 72 heures permettrait à l'évidence au Hezbollah d'organiser sa défense (si du moins les attaques israéliennes l'en empêchent), ce qui va donc contre l'objectif décrété légitime d'Israël.